Avant de détailler les étapes de fabrication du drap de laine, levons le voile sur quelques idées reçues.

Non, un drap ne signifie pas nécessairement drap de lit ! Dans le textile un drap désigne communément une étoffe, ou encore une pièce de tissu. On parlera d’industrie drapière et on fabriquera avec toutes sortes de choses comme des vestes, pantalons, etc.

Deuxième idée reçue, la laine ne sert donc pas seulement à tricoter des pulls qui grattent, loin de là ! On fabrique avec, depuis le moyen-âge et encore de nos jours, les tissus les plus fins, brillants et doux. Il existe une variété infinie de tissu en laine qui ont fait la richesse des pays, notamment la France, et habillé les populations pendant des siècles.

Si la laine a quasiment disparue de nos garde-robes, c’est qu’elle a été remplacée notamment pas l’acrylique dont l’entretien est plus facile et surtout la fabrication beaucoup moins coûteuse… C’est sans compter les coûts écologiques et sociaux.

Bref la laine est beaucoup moins plébiscitée aujourd’hui qu’elle ne l’était auparavant pour l’usage courant. En revanche dans le secteur du haut de gamme elle a toujours une place de choix.

A présent que nous avons resitué le drap et la laine, voyons comme se fabrique un drap de laine à Lodève au début du 20e, au sein de l’usine du Bouldou.

La laine provient du mouton, nous dirons donc un mot sur l’élevage et les différentes races de moutons. Le mouton tondu donne la toison qui va être triée puis lavée. Il faut alors ouvrir la laine, la carder (démêler), la teindre puis la filer. Viendra ensuite le temps du tissage puis de l’apprêtage.

En résumé voilà qui a l’air simple, et pourtant vous allez découvrir que chaque étape nécessite de nombreux savoir-faire et la réunion de multiples paramètres. Tour de main, minutie, mais aussi procédés techniques et inventions peuplent les récits liés à l’histoire textile.

Au fil des pages vous rencontrerez les bergers, tondeurs, assortisseuses, fileuses, tisserands, foulonniers et teinturiers qui œuvrent depuis des siècles. Des métiers autrefois très répandus qui ont quasiment disparus du paysage français au 20e siècle avec la mécanisation et l’arrivée du synthétique, aujourd’hui perpétués par quelques passionnés.

Bienvenue dans le monde merveilleux et bouleversant de la fabrication du drap de laine!

La chaîne de production drapière

(Lodève, début du XXe siècle.)

Élevage de mouton
Tonte du mouton
Triage de la laine
Lavage de la laine
Teinture de la laine
Cardage de la laine
Filature de la laine
Ourdissage
Encollage
Tissage
Foulonnage
Apprêts - Ennoblissement
Drap de laine
Produit fini : uniforme

La chaine de production est simplifiée. Nous vous présentons les principales étapes observées par l’entreprise Teisserenc-Harlachol au début du 20 siècle sur le site industriel du Bouldou. Certaines étapes (comme la teinture) étaient organisées sur le site de l’usine de l’Étendage à Lodève, à quelques kilomètres de là.
Au début du 20e siècle, les établissements Teisserenc-Visseq commandent une série de cartes postales, support d’une campagne publicitaire, rééditée quelques années plus tard par le groupe Teisserenc-Harlachol. Ces vues intérieures, mettant en scène les ouvriers devant les machines, permettent de retracer les étapes de fabrication des draps.

A cette époque, 400 ouvriers poursuivent la production textile destinée aux grandes administrations françaises et étrangères. Le cycle de fabrication débute avec la préparation des laines. En provenance du Causse du Larzac, de Provence, du Roussillon, puis d’Algérie, du Maroc, du Levant et d’Amérique au 19e siècle et d’Argentine, du Cap, de Nouvelle-Zélande et d’Australie au 20e siècle, elles arrivent sous forme de toisons à l’usine.

Film réalisé par Moka Film et produit par Usine Pop avec la participation de Marie-Pierre Nougaret, Julia Gazères, Jean Rouanet, Anne-Lyse Senes, Régis Batigne, Eric Carlier, Danielle Durant, Jérémy Beaumes et le Musée textile du Tarn.

Élevage de mouton

L’élevage consiste à élever des brebis et moutons. Il en existe de nombreuses races, plus ou moins plébiscitées pour la fabrique de drap de laine. Couleur, longueur de la fibre, finesse, résistance, élasticité et frisure sont les principaux critères pris en compte pour produire tel ou tel textile. On distingue les races à laine, à viande et/ou à lait, bien que certain fabricants bousculent les idées reçues et s’attèlent à réhabiliter des races parfois délaissées, trouvant des débouchés à la laine de bêtes à lait ou à viande comme pour la race Lacaune.

Pendant longtemps les hommes ont procédé à des sélections pour optimiser l’élevage : les croisements ont permis d’améliorer la qualité des laines. Depuis le Moyen-Age, la laine du Languedoc et ses productions textiles sont très réputées. Au cours du 20e siècle l’emploi de la laine chute massivement : la concurrence mondiale et l’arrivée des fibres synthétiques ébranlent toute la filière. Les pratiques évoluent et la laine est considérée comme un déchet. L’élevage sert majoritairement la production de viande et de lait et 90% de la laine n’est plus utilisée.
Retrouver des débouchés pour cette matière première, aux propriétés exceptionnelles, est un enjeu du 21e siècle dont se saisissent de nombreux acteurs de la filières et institutions publiques. Aujourd’hui il faut parfois réapprendre les bonnes pratiques pour pouvoir valoriser la laine.

Bien que l’on retienne principalement les pulls tricotés par mamie, la laine permet la fabrication d’une très grandes variété de textiles, du plus épais au plus fin. Elle est aussi utilisée pour de nombreux autres usages : literie. isolation phonique, feutre industriel et textile technique.

MÉTIER : ÉLEVEUR OU ÉLEVEUSE – BERGER OU BERGERE
L’éleveur oriente la sélection, choisit les modes d’élevage et assure la production. Le berger soigne les animaux et les emmène pâturer. Il arrive que la même personne assure les deux fonctions. Ce métier masculin tend à se féminiser en ce début de 21e siècle. Composé d’une grande variété de tâches au fil des saisons, il nécessite une attention quotidienne et un engagement sur la durée. Le nombre d’éleveur en France ne cesse de chuter. La réalité du métier d’éleveur est très différente en fonction de la taille et du lieu de l’élevage. N’étant pas reconnue comme une production agricole, la laine et ses éleveurs ne bénéficient pas des aides de la P.A.C. (Politique Agricole Commune).

Tonte du mouton

Au moins une fois par an les moutons et brebis sont tondus. La fréquence et la période dépendent de l’aire géographique et du système d’élevage. Les troupeaux de plein air dans le sud de la France sont plutôt tondus au printemps. Les troupeaux de bergerie plutôt à «l’entrée en bâtiment» à la fin de l’automne ou au début de l’hiver. La tonte a pour but la récolte de la laine. Nous n’avons pas d’information sur la tonte au début du 20e siècle à Lodève ayant servi à la production de l’usine Teisserenc.

Aujourd’hui, même lorsque la laine n’est pas valorisée et considérée comme déchet, les moutons sont quand même tondus pour des raisons de bonne santé des bêtes. Il y a bien sûr de nombreuses manières de réaliser la tonte. Les gestes sont techniques et nécessitent un grand savoir-faire. L’outillage évolue au fil du temps : tondeur utilise des forces, des grands ciseaux puis une tondeuse à main et aujourd’hui une tondeuse motorisée.

Le produit de la tonte est la laine sous forme de toison, appelée aussi laine en suint. La laine est déjà triée sur place puis conditionnée en ballot (curon) pour être transférée au négociant ou au lavage.

En 2023, en France, la tonte d’un mouton dure 3 min en moyenne. Il existe des bonnes pratiques bien définies pour favoriser le bien être de l’animal lors de la tonte ainsi que pour favoriser une bonne valorisation de la laine ensuite.
On dit aujourd’hui que la vente de la laine ne paie même pas la tonte. En réalité, c’est un vrai débat.
Le prix d’achat se situe généralement en dessous 2,50€/kg, en France, prix déterminé selon la qualité de la matière première. Certain fabricants font le choix d’acheter au dessus du prix du marché pour un commerce plus équitable.

MÉTIER : TONDEUR OU TONDERESSE
L’opération est réalisée par un tondeur qui se déplace de troupeau en troupeau. Il s’agit d’un métier plutôt masculin même si en 2023 le métier se féminise.

Tri de la laine

Le tri consiste à débarrasser la laine en suint des saletés mais aussi à la classer par qualités et coloris. Cette étape est non mécanisée. Le tri de la laine peut s’effectuer en plusieurs étapes : Un pré-tri à la suite de la tonte, un tri à l’arrivée du ballot, avant le lavage, un tri après le lavage, selon le produit voulu à l’arrivée.

Actuellement plusieurs acteurs se mobilisent pour sensibiliser les éleveurs et tondeurs aux bonnes pratiques pour la récolte d’une laine de qualité. Notamment pour le soin apporté lors du marquage des bêtes afin d’éviter les résidus de peinture sur la matière. Egalement sur l’organisation et le nettoyage du chantier de tonte afin de limiter la quantité de paille et de terre sur les toisons.

MÉTIER : TRIEUSE OU ASSORTISSEUSE
L’opération est réalisé par une assortisseuse. La main d’œuvre est plutôt féminine au 19e et 20e,

Lavage de la laine

Le lavage consiste à la débarrasser la laine du suint et des impuretés (paille, insectes, excréments, terre, etc.). Ce procédé évolue dans le temps : type d’adjuvant (savons, cendres, etc), nombre et durée de trempages et rinçages, équipement manuel ou à moteur.

Le suint est la matière grasse que sécrète la peau du mouton et qui imprègne sa laine. Issu du lavage, il est raffiné et permet d’obtenir la lanoline, utilisée en cosmétique.

La machine présentée sur la carte postale de 1902 est un Leviathan. On assiste à la mécanisation du lavage : de grosses dents (ou fourches) soulèvent la laine et la font passer de bain en bain.

Le lavage de la laine à une échelle industrielle est au cœur des enjeux de la filière laine aujourd’hui en France puisqu’il n’existe plus qu’un seul site de lavage, celui de Saugue (43). De nombreux acteurs se mobilisent pour que ce maillon de la chaine de production ne disparaisse pas.
Plusieurs expérimentations visent à développer des micro lavages afin de s’adapter à des échelles de production plus petites et ainsi valoriser les laines locales et éviter aux producteurs d’envoyer la laine en Espagne ou en Italie.

Teinture de la laine

Les produits utilisés varient en fonction des époques et de la couleur voulue : de la teinture naturelle à l’utilisation de produits chimiques de synthèse issus du pétrole. Profondeur et qualité de la couleur mais aussi solidité dans le temps où encore quantité de produit et
d’eau nécessaire à la teinture sont au cœur de l’évolution des techniques.
Cette étape peut avoir lieu à différents moment du processus de transformation de la laine. On peut teindre la laine, le fil, le tissu ou le vêtement confectionné.

À Lodève, au sein de la chaine de fabrication drapière Teisserenc, début 20e siècle, la teinture est réalisée après le lavage des laines, ce qu’on appelle la teinture en bourre. Le drap de laine produit est destiné à la fabrique d’uniformes. La qualité de l’eau et le savoir-faire des teinturiers permettent d’obtenir de belles et profondes couleurs bleues et rouges. En effet Lodève est réputée pour ses teintures à l’Indigo, c’est une des raisons qui lui assurera des commandes.

MÉTIER : TEINTURIER
L’opération est réalisé par des maitres teinturiers et des ouvriers. Cette opération technique nécessite la maîtrise de recettes et de procédés très spécifiques. C’est pourquoi le métier de teinturier est valorisé et reconnu.
C’est un métier difficile pour les ouvriers qui sont constamment en milieu humide et exposés aux produits tinctoriaux. A Lodève on les appelle les ventres bleus. La mémoire populaire raconte que malgré les tabliers ceux-ci avaient littéralement le ventre bleu !

Cardage de la laine

Le cardage consiste à à démêler, nettoyer, organiser les fibres de laine et les mettre parallèles, pour les préparer à la filature. Il est effectué après que la laine en bourre ai été «ouverte» au moyen d’un loup.

Cette étape fut longtemps réalisée manuellement à l’aide de cardes, planchettes munies de poignées, garnies de picots métalliques.
A Lodève, cette opération est l’une des première à être mécanisée, dès les années 1810. Les assortiments de cardes sont désormais des machines à rouleaux recouverts de picots métalliques de plus en plus fins qui permettent de travailler en continu pour démêler les fibres de laine. Afin de faciliter le travail, on arrose la laine d’un mélange d’eau et d’huile appelé ensimage.

Filature de la laine

Les fibres cardées sont graissées (ensimage) puis sont transformées en un fil continu par torsion et étirage. On obtient un fil résistant et uniforme. La finesse du fil obtenu dépend de l’étape précédente (le cardage).

Cette étape est réalisée avec des outils qui ont évolués dans le temps. Fuseau et quenouille, puis rouet, sont remplacés à partir du début du 19e siècle, par des métiers à filer mécaniques de plus en plus productifs, renvideur puis continu à filer. La première fut la machine anglaise Mull Jenny. Le graissage des fibres (ensimage) était initialement effectué avec de l’huile d’olive.

Le filage, d’abord effectué dans les pâturages par les bergère puis dans l’espace domestique va progressivement se réaliser en usine à mesure que les opérations se mécanisent et nécessitent des machines de plus en plus grandes ainsi que de plus en plus d’énergie.

MÉTIER : FILEUSE
L’opération est réalisé par des fileuses. Un métier plutôt féminin. Une figure populaire largement représentée dans la littérature. La main d’œuvre féminine est mal payée, très surveillée et exploitée.

Ourdissage

L’ourdissage consiste à préparer les fils de chaine. Le nombre de fils et leur longueur sont déterminés selon le type d’étoffe à produire. Plusieurs centaines de bobines sont ainsi disposées dans un ordre précis, sur un cantre (porte-bobines), puis les fils sont enroulés sur l’ensouple qui sera installée à l’arrière du métier à tisser.

Le nombre de fils qui constituent la chaîne est à l’origine, pendant des siècles, de la distinction de différents types de draps. Pour compter le nombre de fil, caractéristique de chaque type de tissu, on inventa un petit outil muni d’une loupe et d’un cadre gradué, le compte-fil. Aujourd’hui très utilisé par les philatélistes. Cela permettant de démasquer les fraudes sur les textiles finis.

MÉTIER : OURDISSEUR
L’ourdissage est réalisé par le tisserand avant d’être confié à des ouvriers spécialisés à mesure que l’opération se mécanise.

Encollage

Au début du 20e siècle au Bouldou les fils de la chaine sont encollés avant tissage. Les fils enroulés sur l’ensouple sont plongés dans un bain de colle.

L’encollage n’est pas réalisé de manière systématique dans l’industrie textile.
Elle concerne des secteurs particuliers et est réalisée au besoin selon la résistance des fils et l’étoffe voulue.

Tissage

Le tissage consiste à croiser deux séries de fils perpendiculaires. Les fils de chaîne dans le sens de la longueur et les fils de trame dans le sens de la largeur. Pour cela les fils de chaîne sont installés sur un métier à tisser manuel ou mécanique.
Le métier à tisser permet de séparer les fils de chaine en deux nappes, entre lesquelles sera passée la navette qui insère le fil de trame. À chaque insertion de trame, l’ordre de levée des fils de chaine détermine la structure du tissu, appelée armure (toile, sergé ou satin par exemple).

Le tissage se réalise au départ dans l’espace domestique avec les métiers à tisser à bras. Les procédés se mécanisent, les ateliers se multiplient, d’abord au bord des cours d’eau pour bénéficier de la force hydraulique, puis s’en affranchissent grâce à l’énergie thermique puis électrique.

À Lodève les tissus produits sont en majorité unis et ne présentent pas de motifs complexes. Début 19e, la mécanisation bouleverse l’industrie Lodévoise mais les métiers à bras sont utilisés conjointement jusqu’au début du 20e siècle.

Foulonnage

Cette opération appelée foulage ou foulonnage fait partie de la famille des apprêts, elle nécessite un grand savoir-faire. Elle consiste à fouler le tissu pour le dégraisser et en stabiliser la dimension. La pièce de tissu perd en largeur et en longueur, et par conséquent s’épaissit sans se feutrer. Cela est du à l’échauffement des fibres de kératines qui se contractent sous l’effet du mouvement en 8 infini de la pièce textile. Une action mécanique effectuée pendant des heures, spécifique des draps de laine. Les graisses d’ensimage et les colles sont éliminées grâce à l’adjonction d’une argile smectique ou d’un liquide savonneux quelconque.


Le foulonnage est réalisé après la visite (contrôle qualité) lors de laquelle les défauts sont réparés. Reprendre les fils cassés, enlever les nœuds ou épinceter, enlever les pailles, enlever les bourres sont les opérations réalisées en amont.

A l’origine réalisée par un foulage aux pieds dans de grandes bassines, cette étape est réalisée au sein des moulins à foulon profitant de l’énergie hydraulique dès la fin du Moyen Âge. Avec l’arrivée de l’énergie thermique le foulon s’affranchit de l’énergie hydraulique et devient une machine autonome. La machine jusque là constituée de paires de maillets en bois va devenir à cylindres, ce qui donnera un mouvement rotatif continu. C’est la qualité du foulonnage qui distingue pendant des siècles les textiles de laine française au regard de ceux des autres nations et en permit l’exportation.

MÉTIER : FOULONNIER
Maitre foulonnier et ouvriers

Apprêts - Ennoblissement

Apprêter ou ennoblir le tissu consiste à apporter des modifications à l’état de surface du tissu qui en améliore son aspect et sa qualité. Le foulonnage est la première phase de l’ennoblissement textile (voir fiche précédente), après quoi, le tissu peut subir diverses opérations d’apprêt en fonction du rendu voulu : grattage, rasage, chardonnage ou encore calandrage sont quelques-uns des apprêts les plus répandus. A partir d’un produit tissé on peut obtenir plusieurs qualités selon les apprêts employés.

Les tissus peuvent […] acquérir une forte valeur ajoutée en fonction de la qualité des apprêts dont la fonction est de donner une belle apparence aux étoffes. Les dernières opérations requièrent, dans la plupart des cas, des ouvriers hautement qualifiés, tant certaines de ces techniques délicates à maîtriser, nécessitent un grand savoir faire.1
Au début du 20e siècle, foulage, lainage, tondage, pressage et ramage sont réalisés au Bouldou.

MÉTIER : APPRÊTEUR OU ENNOBLISSEUR
Maitre apprêteur et ouvriers. Au Moyen-Age ils sont appelés affineurs ou pareurs de draps.

Drap de laine

On appel drap un tissu de laine dont les fibres sont resserrées par le foulage. Il sert à l’habillement1. A Lodève on produit du drap de consommation courante appelé «drap de troupe», destiné à la fabrication des uniformes et couvertures de l’armée.

Lodève a fabriqué du drap, sans nul doute à cause de sa situation au coeur des troupeaux, des collines, ou des Causses. Un leudaire de 1212 mentionne le travail de la laine. Au 16e siècle, les draps lodévois primaient sur le marché non seulement à cause de leur qualité, mais aussi à cause de leur couleur2
Les foires sont apparues dans la région au XIIe siècle (Nîmes 1151, Carcassonne 1158, Aniane 1165) et elles connaîtront une expansion fulgurante après la crise Albigeoise (1244) dont la fin permettra la mise en œuvre d’efforts de rénovation économique et de développement de l’industrie lainière. Leur finalité principale sera d’assurer des débouchés suffisants et réguliers à la draperie alors en pleine expansion. […]
On y trouvait d’abord des draps, draps bleus de Lodève et draps blancs de Narbonne, draps de laine et de lin, lisières pour fabriquer les balles dures
du jeu de ballon.

Lodève est souvent présentée comme une exception […] en raison de sa spécialisation dans la fourniture de drap pour l’armée : la fabrique de Lodève commença à travailler pour les troupes vers l’année 1700 […]
«Sa Majesté ordonne expressément à tous les régiments, de tirer leurs
draps directement de Lodève et de la première main des ouvriers et fabricants.»

Auteurs : Flore Viglieno, Julia Gazères, Jean Pierre Henri Azéma et Lisa Caliste
Crédits illustrations : Clara Baquedano
Sources :
Le Bouldou : morceaux d’Histoire – Bernard Derrieu 2021
Lodève, la mémoire d’une ville 1830-1960 – J. Couffinhal – 1992
Fêtes et Foires à Lodève Du Moyen-Age au XIXe siècle – Francis Moreau – 2009
« Faire des draps à Lodève, Clermont-l’Hérault et Bédarieux. Apports de l’archéologie industrielle à l’histoire de l’industrie lainière en Languedoc (1650- 1900)», Lisa Caliste- 2016
Technologie des textiles – Daniel Weidmann 2020
Traité du travail des laines – Mr Alcan 1866 – Source Gallica.bnf.fr / BnF
La puissance du Midi : Drapiers et draperies de Colbert à la Révolution. – Jean-Michel Minovez, Nouvelle édition [en ligne]. Rennes : Presses universitaires de Rennes, 2012
Le moulin à foulon, premier moulin de l’industrie textile lainière – Jean-Pierre Henri Azéma – Le monde des moulins n°20 – Avril 2007 (Site FDMF)
Le monde des teintures naturelles – Dominique Cardon
Laver la laine / Scouring wool. Atelier laines d’Europe
Laines d’Europes. Atelier laines d’Europe – 2012
Traité des bêtes à laine – Mr Carlier 1770 – Source Gallica.bnf.fr / BnF
Manuel de tissage de Lodève 1389-1390 (archiv. nat. F12, 1389-1390)