On appelle drap une étoffe tissée. C’est donc un tissu en laine aux caractéristiques variables qui sert pour toutes sortes de confection. Le drap de laine cardée, principalement associé au Midi, est destiné à l’usage courant. A l’inverse de celui du nord de la France ; le drap de laine peignée, réalisé à partir de fibres plutôt courtes et réservé aux étoffes plus prestigieuses (cf. chaine de production).

Au Bouldou on fabrique du drap de laine cardée aussi appelé drap de troupe, et pour cause, les commandes qui feront tourner les usines à Lodève, sont celle du Ministère des Armées. Pendant longtemps Lodève et ses fabricants en auront d’ailleurs le monopole pour la production de drap destiné aux uniformes, détaillé dans de nombreux règlements qui évoluent au fil du temps.

On retient de ces règlements une production très normée assurant des commandes conséquentes tout en impliquant une grande capacité de production, privilégiant ainsi les grosses manufactures puis industries. Les fabricants sont sommés, dès 1824 de produire 50 000 mètres de draps pour pouvoir répondre aux appels d’offre. Une mono production pour une mono clientèle qui explique en partie la difficulté de trouver des débouchés lorsque les fibres synthétiques font leur entrée au milieu du 20e siècle : la filière de laine cardée n’est plus utile à l’armée qui va renouveler toute sa garde-robe en tissu technique.

L’entreprise Teisserenc-Harlachol fait plusieurs tentatives de diversification : couvertures et plaids sont évincés du marché par les couettes. Quant à celle des tissus pour l’habillage des sièges de la SNCF (dernière commande), elle ne suffira pas à convaincre le conseil d’administration, alors établi à Paris et composé de multiples actionnaires et associés, de maintenir l’appareil de production à Lodève.