Ils sont des milliers et des milliers, sur plusieurs dizaines de générations à avoir travaillé pour le textile lodévois. Ils ont contribué à construire la ville qu’elle est aujourd’hui.

Regroupés sous l’appellation ouvriers, ce sont des dizaines et dizaines de métiers nécessitant de nombreux savoir-faire. Pourtant aujourd’hui aucune biographie de assortisseuse, fileuse, tisserand, foulonnier, ennoblisseur ou teinturier de Lodève !
Et pour cause, alors qu’au moyen âge la production est repartie entre une main d’œuvre très nombreuse qui travaille chez elle et certains métier sont organisés en corporation, le marchand facturier va s’imposer et orchestrer l’ensemble de la production. C’est la disparition de l’artisan au profit d’une catégorie de plus en plus vaste, celle des ouvriers. Le marchand facturier devient industriel.

En perdant leur autonomie, les «ouvriers» n’ont pas perdu leur haut niveau de technicité et les descriptions des étapes de production du 17e, 18e, 19e et 20e montrent bien les qualifications requises pour chaque métier.

Dès lors comment considérer cette population qui, à la fois très spécialisée, a du s’adapter sans cesse à l’évolution des techniques, aux ouvertures et fermetures de marchés, à la mécanisation toujours plus poussée mais aussi aux exigences de rendement : toujours plus, toujours plus vite, avec toujours moins d’ouvriers !

Une population laborieuse, volontaire, qui tout en diminuant de moitié à mesure que les usines ont fermé, a surmonté la désindustrialisation. Sans en faire une spécificité lodévoise, on peut dire que la pluriactivité de nombreux ouvriers a sans doute permis des reconversions.
Citons tout de même les liciers et licières, couturiers et couturières indépendant.es, le tout nouvel atelier de Rembobinez qui continuent de tisser le fil de l’histoire.

Nous avons rencontré 26 salariés de la dernière usine textile de Lodève. Ils ne sont pas représentatifs de tous les ouvriers textiles lodévois, encore moins des métiers de la draperie qui fut la principale production ici mais leurs témoignages nous racontent un morceau de l’histoire des derniers ouvriers de l’industrie textile de Lodève à la fin du 20e siècle.