Le Languedoc pratiquait l’activité du lanéfice depuis longtemps quand Jean-Baptiste Colbert voulut enlever le marché levantin des tissus de laine aux Anglais et aux Hollandais par l’implantation dans le terreau local d’entreprises qui, en développant une production de qualité, draineraient les métaux précieux vers les caisses royales- Les historiens s’accordent pour reconnaître l’antériorité de l’industrie textile languedocienne sur les initiatives portées par Colbert 1. Rappelons que la majorité des manufactures royales instaurées en Languedoc préexiste à l’obtention de leurs privilèges.1

L’analyse des compoix des communautés de Lodève, Clermont-l’Hérault et Bédarieux démontre la présence d’une activité textile ayant nécessité des investissements importants, antérieurs à la politique mise en œuvre par Colbert et ses successeurs. A titre d’exemples, reprenons les propos de Charles Carrière : nous ne refusons donc pas à Colbert la volonté d’intervenir et de promouvoir ; nous pensons simplement qu’elle ne fit qu’effleurer, en les modifiant légèrement, des pratiques anciennes : ce ne fut en rien une création, CARRIèRE, Charles. 2

Rémy Cazals nous dit que la pensée et l’action de Colbert doivent d’abord être replacées dans un mouvement très général, le mercantilisme, qui prolonge des pratiques déjà présentes au Moyen Age. […] Colbert n’a évidemment pas créé l’activité industrielle lainière. Il n’aurait rien pu faire s’il n’avait pas eu des relais locaux, négociants marseillais, fabricants et financiers de Languedoc, CAzALS, op. cit., p. 33-34