Avant-propos - Chaîne de production synthétique

Nous vous proposons une plongée dans l’histoire très contemporaine de la fabrication DIM de la fin du 20e siècle à Lodève !
Avant de remonter le fil du temps, quelques précisions s’imposent : Le bas (ancêtre du collant) n’est pas une invention moderne ! Déjà à la cours de Louis 14, on porte des bas et c’est tout à fait à la mode. D’ailleurs les hommes en portent d’avantage que les femmes qui attendront que l’on veuille bien raccourcir leur jupe !
Bas de laine pour l’usage courant, et bas de soie pour les nobles vont tenir une place toutefois très modeste dans les gardes robes pendant plusieurs siècles. Ce sont des éléments que l’on répare en reprenant les mailles. On l’a vu pour créer un textile il faut un fil que l’on tisse ou qu’on l’on tricote. Dans le cas des bas, on tricote, bien entendu, afin que le tube épouse le galbe de la jambe et ai une chance de tenir, voilà pourquoi on parle de maille.

Le bas et collants, tout comme les chaussettes ou encore les tricots de corps, les bonnets et plus tard les soutiens gorges sont en maille (tricot) et font partie de la famille de la bonneterie.

Cela dit, revenons-en à la matière de nos bas tricotés qui, pour le moment en laine ou en soie, sont fragiles, filent et ont bien du mal à rester en place…
Au milieu du 20e siècle, les chimistes redoublent d’efforts et inventent notamment le nylon et de nombreuses matières textiles aux caractéristiques étonnantes. Finesse, transparence, élasticité, infroissabilité… les promesses entrainent une mutation profonde de l’industrie textile en un temps record.

A ce moment-là, c’est l’allégresse totale et personne ne se posent encore la question des conséquences environnementales de toutes ces belles inventions. On est tout simplement ébloui par la brillance du fameux nylon ! C’est tout naturellement que les matières synthétiques s’invitent dans la production de bas (et plus tard les collants). Ce sont les américains qui démocratisent le bas nylon après-guerre. Et c’est ainsi que le bas se retrouve en quantité dans toutes les gardes robe !

Voilà une histoire qui semble magique et d’une simplicité déroutante, et pourtant vous allez découvrir qu’elle est pleine de rebondissement, que chaque étape nécessite de nombreux savoir-faire et la réunion de multiples paramètres. Tour de main, minutie, mais aussi procédés techniques et inventions peuplent les récits liés à l’histoire textile. Ici c’est un condensé de 20 ans de défis techniques !
Au fil des pages vous rencontrerez les conducteurs de fausses torsion, copseuses, remailleuse, rentrayeuses , mécaniciens, ingénieurs et visiteuses qui ont vécus la révolution synthétique de la fin du 20e siècle et ont vu la dernière usine de Lodève fermer.

Ils nous livrent des témoignages riches et inédits, le récit d’une époque, sur laquelle nous avons encore très peu de recul, et qui peut être très instructif à l’heure où se posent de nouvelles questions : Comment la mécanisation a transformé les métiers et savoir-faire ? comment la mondialisation a finalement entrainé une désindustrialisation massive de nos territoires ? Pourquoi du progrès technique prometteur nous avons finalement basculé dans l’ère de l’obsolescence programmée ? Pourquoi alors que nous avions amélioré nos conditions de travail au prix de nombreuses avancées successives nous avons finalement délocalisé la production de nos objets du quotidien dans des pays où le travail des enfants et l’esclavage ont toujours cours ? Et enfin que ferons-nous demain de toute cette pollution ?

Bienvenue dans le monde merveilleux et bouleversant de la fabrication du collant synthétique !